Expatriation #6 | Perdre Passer du temps au téléphone.

Quand tu prépares une expatriation, apparemment, il faut anticiper. Certes. Sache-le, trier tes chaussures pour ne garder que tes favorites (19 paires, et encore, j’ai fait un méga sacrifice!) puis les ranger soigneusement dans leur boite ne suffira pas. Non, il faut aussi préparer ton arrivée sur le territoire, savoir où tu vas loger, et, comble du bonheur, se renseigner sur la paperasse qu’il te faudra remplir en arrivant là-bas. (C’est pas bientôt fini de remplir des cases?) (Apparemment pas.)

Et comme tu ne peux pas te déplacer dans le pays pour chaque petit rendez-vous (mais que ça ne peut pas attendre que tu aies mis le pied dans le pays), et bien il faut téléphoner. Je ne pense pas être la seule qui n’apprécie que moyennement le coup de téléphone avec une personne qui ne parle pas la même langue que moi, mais quand, en plus, tu te retrouves en conférence, c’est le pompon. Tout le monde parle en même temps, il faut gérer l’accent du premier, le débit du deuxième et (quand enfin tu arrives à en placer une), il faut que ça sorte assez vite et, si possible, que la phrase veuille dire quelque chose. Bonne chance. Et puis rêve pas, tu vas y passer du temps.

Chapitre 1 : Le broker
Chris sera notre broker, une sorte de Stéphane Plazza à la sauce NY,  qui nous aidera à trouver un appartement décent à New York (good luck, dude!) Chris nous a demandé de faire une liste en 4 points :

– nos exigences (genre les trucs dont on ne peut pas se passer) (un appart sans cafards, une salle de bain dans l’appart, et une cuisine que tu ne peux pas atteindre en tendant le bras depuis ton lit) (rigole, rigole, mais va seulement faire un tour sur les sites de location d’appart à Manhattan!)

– nos préférences (ce qu’on aimerait bien mais qui est pas forcément indispensable) (un lave linge/sèche linge dans l’appart, une cuisine isolée, une chambre ET un salon, un ascenseur)

– nos “will be perfect” (la cerise sur le gâteau, quoi) (un rooftop, un fitness dans l’immeuble, un 27e étage dans Midtown) (bonne blague)

– les choses qu’on ne veut absolument pas (un appart dans certains quartiers craignos, des bedbugs, des gens qui fabriquent du crystal meth dans l’appart d’à côté)

Et après tout ça, il a fallut lui téléphoner. Le new yorkais parle vite, avec un accent new yorkais (sans blague) et tient souvent des discours assez rigolos, qui me surprennent encore, moi la petite européenne. Il nous a dit “Ecoutez les gars, avec votre budget, je ne vais pas vous le cacher, ça va être dur. Même très dur. Il faudra peut-être revoir le chiffre à la hausse. Vous savez, en cette période, à New York, les temps sont durs, c’est cher (…. bla bla bla)”. Puis il enchaine : “la semaine dernière, j’ai trouvé ce super appart, avec ascenseur, lave-vaisselle, cuisine et chambre séparée et même un doorman pour ce couple qui a exactement le même budget que vous. C’était dur, mais je l’ai fait.” (Tu vois le ton du mec qui présente les cadeaux de la vitrine dans Le Juste Prix? Celui qui te fait penser que ce merveilleux-robot-qui-fait-aussi-coupe-frites-et-juicer est le cadeau du siècle? Bah voilà, meet Chris) Il est parfait, c’est un super héros. Merci Chris. (Et à dans 10 jours, on va voir ce qu’on va voir!)

Chapitre 2 : Les impôts US.
La première conférence s’est bien passée, tu as compris une majorité du contenu, tu t’es (re)faite au débit US et tu te sens d’attaque pour la suite.

Ah? Les impôts? Bon, ben, allons-y. L’interlocutrice parle anglais avec un fort accent de l’Est de l’Europe, et même si elle semble connaitre son sujet, tu n’es pas vraiment sûre qu’elle parle le même anglais que toi. “W-94, à remplir par l’employeur et à renvoyer avant le mois d’avril” “I934 -à remplir au maximum en février, mais avec possibilité d’allonger jusqu’à septembre” “L-4733 – swiss cheese, no pickles, extra guac??”. J’ai 27 ans, et je commençai enfin à comprendre par moi-même les méandres des impôts helvétiques. Tant pis pour moi. L’entreprise du Cher-et-Tendre nous sponsorise l’assistance pour les impôts 2015. Et en 2016? La Papouasie Nouvelle Guinée, ça sonne bien!

Chapitre 3 (à 19)
Même si, comme moi, tu es une incorrigible pipelette, tu vas vite en avoir ras l’os un peu marre de passer ta vie au téléphone. Il y a les impôts suisses (qui nous considèrent divorcés à peine mariées) (et qui ne comprennent pas comment nous imposer) (mais je garde l’anecdote sous le coude pour un prochain article), les différentes assurances, les institutions de deuxième pilier, les banques (qui refusent de nous garder à cause de notre futur statut US), la société de déménagement, les déménageurs (et la machine à laver, neuve, qui fuit partout au beau milieu de la nuit. C’est une autre histoire, mais le timing est absolument PARFAIT!).

Chapitre final
Même si, comme moi, tu es une incorrigible pipelette, tu vas vite en avoir ras l’os un peu marre de passer ta vie au téléphone. (BIS)

Surtout quand il s’agit de communiquer avec ton Cher-et-Tendre. Téléphone, e-mails, whatsapp, photos, screenshots, nous venons de passer les deux derniers mois à penser expat, manger expat, dormir expat, et communiquer expat. (A savoir 80% via la technologie précitée, 15% d’engueulades et 5% de sommeil. Grosso modo). Tout y est passé :

“J’ai reçu un mail du mec du déménagement, je te le forwarde, tu corriges ce qui te semble incorrect, tu me le reforwardes et je l’envoie”

“Qu’est-ce que tu penses en voyant le gigantesque tas de chaussures sur cette photo, on commande 4 ou 5 cartons de déménagement?”

“Tu as déjà résilié Swisscom, parce que je suis au téléphone avec eux alors sinon je fais aussi ton abonnement. Ah bon il vous faut sa signature? Laisse tomber chéri, fausse alerte”.

“Bateau, bagage en soute ou bagage à main?”.

Et puis, parfois, le romantisme du couple de jeunes mariés reprend le dessus et là, tu sais pourquoi tu fais tout ça : “Et sinon, qu’est-ce qu’on bouffe ce soir?”

AU SECOURS!

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