Vie d’expat #8 | Les côtés obscurs de la force l’expatriation
A quelques jours de notre retour en terres helvétiques pour les fêtes (à l’idée duquel je suis toute jouasse), et parce que mon titre à la con se prête parfaitement à l’actualité (si c’est pas du timing, ça!) j’ai décidé de publier cet article qui mûrit dans mes brouillons depuis belle lurette.Je reçois souvent des messages, d’inconnus ou d’amis / membres de la famille, qui s’extasient sur la chance inouïe que nous avons de vivre à New York. Loin de moi l’idée de cracher dans la soupe mais, parfois, tout n’est pas rose. Gens timbrés, habitudes saugrenues ou simples différences culturelles, je te parle aujourd’hui du côté obscur
de la force de l’expatriation, celui que tu ne vois pas au premier abord, et qui fait que, parfois, tu penses à la Mère Patrie avec une petite touche d’amertume. Suis-moi, c’est par là:
Bienvenue dans la ville qui ne dort jamais. Et bientôt, toi non plus. Taxis hystériques, ambulances et pompiers toutes sirènes (et klaxons) déployés, hélicoptères, afterwork parties, crazy guy on the street : ça n’arrête JAMAIS. Même la nuit. Surtout, la nuit.
Quoi que tu veuilles faire dans cette ville, il faudra soit prendre un crédit sur 10 ans, soit vendre un rein. Se loger coûte affreusement cher (explication ici), sortir aussi (un cocktail de coûte au moins $15) et c’est le paradis des petites dépenses. Une glace par ici, une petite sortie par-là, et te voilà ruiné le 12 du mois.
La paperasse est terriblement compliquée. Comme partout, tu vas me dire. Sauf que c’est en anglais, pas dans sa forme la plus facile, et que, comme dans chaque pays, les USA ont leurs petites spécialités à la con bien à eux. De plus, tu peux carrément oublier de demander de l’aide à la plupart de tes amis américains : une majorité d’entre eux n’ont aucune idée de ce qui se trame niveau assurances, santé, voire même au sujet des taxes! Débrouille-toi donc pour être sûr(e) d’avoir un I-94 en bonne et due forme, pour comprendre qu’il faut absolument remplir le W-4 en insérant le moins d’allowance possibles et pour savoir quelle assurance choisir, en fonction du deductible sans oublier de prendre en compte le OOP!
La plupart des procédures manquent carrément de bon sens. Tu as réservé un restau pour 20h? Personne ne te laissera prendre ta table ne serait-ce que 15 minutes en avance, même si l’endroit est complètement vide. Un protocole a été indiqué? Il te sera carrément impossible de le détourner, même si une solution infiniment plus simple se trouve devant ton nez.Les magasins sont refroidis à 18°. L’appartement de ma voisine, aussi. Apparemment, c’est culturel. (A l’heure où j’écris ces lignes, je me caille les fesses avec une bouillotte et un thé chaud. Ladite voisine vient de m’informer qu’elle dormait la fenêtre ouverte! Différence culturelle
ou problème thyroïdien, je me penche actuellement sur la question!)
Tu ne sais jamais combien tu vas payer : les prix sont indiqués sans taxes, et sans tip, pour les services. Quel que soit le chiffre indiqué, tu payeras plus cher, mais jamais le même prix. Va tenir un budget, avec ces conneries bêtises.
Il y a du monde partout, tout le temps. Mon côté misanthrope A-DO-RE cette ville. Au restaurant? Tu fais la queue! Au magasin? Tu fais la queue! Pour entrer dans le métro? Tu fais la queue. (Update: je fais même la queue pour les toilettes au travail. True story!)
Le métro, qui est pour moi ni plus ni moins que l’antichambre de l’enfer : en été, tu cuis dans ses couloirs transformés en sauna (puant) et grouillant de rats et autres cafards avant d’entrer dans une rame dont la température avoisine les 14° (voire moins!). En hiver, les escaliers sont glissants, les rames sont sales et il fait aussi froid dehors que dedans.
Les poubelles qui s’entassent sur le bord des trottoirs en fin de journée. Si tu as de la chance, tout aura disparu comme par magie au petit matin. Si tu en as un peu moins, l’effet de magie se transforme en cauchemar alimenté par un tas de camions-poubelles bruyants qui passeront et repasseront devant ta fenêtre pour tout ramasser. Si tu n’en a carrément pas du tout, personne ne viendra chercher lesdites poubelles, et elles traîneront devant chez toi pour 2 ou 3 jours. En été. Par 38°. Alors que personne dans cette ville ne possède de compost. On en parle, de l’odeur?
Le manque de politesse ou de savoir-vivre d’un tas de personnes. Dans le désordre, les vendeurs odieux dans les magasins, les gens (nombreux) qui te lâchent la porte dans la gueule au visage alors même que tu marches 2 pas derrière eux ou encore les automobilistes qui tentent de t’écraser, toi le petit piéton qui traverse – au vert.
Et puis il y a aussi les petites différences, futiles au premier abord, mais qui peuvent te taper sur le système, à force. Le papier toilette, tellement fin qu’il te faut dérouler la moitié du rouleau à chaque fois, idem pour les mouchoirs. La perte de repères visuels dans les magasins, les codes-couleur qui changent, les emballages que tu dois détailler car ils ne sont plus familiers, le sens très personnel de la ponctualité, l’impossibilité d’obtenir une réponse précise ou le fait qu’il faille toujours relancer les gens dix fois pour obtenir une quelque chose. Le manque de certaines choses, ou le fait qu’elles soient difficiles à trouver, ou très chères (kiri, gruyère, crème fraiche) (tu la sens, l’obsession de la Suissesse pour les produits laitiers?)
Et puis parfois, en marchant dans la rue, après avoir pesté contre un taxi bruyant qui a manqué de t’écraser et qui t’a obligé à monter sur les poubelles, par 38°C 100°F, pour sauver ta vie, avec tes sacs remplis de gruyère à $30 le kilo, et alors que ta gorge se remet à peine des 20°C de différence thermique, tu tombes nez à nez avec le Chrysler building qui s’illumine. Et là, tu te mets à sourire bêtement en te disant que rien n’est grave car tu à la chance de vivre à New York*, et que finalement le jeu en vaut vraiment la chandelle!
(*mantra à se répéter 3 fois en remplissant son I-9**)
(** je n’ai toujours pas compris ce qu’est un I-9***)
(*** je l’ai rempli quand même!)
La prochaine fois, je te ferai une petite liste de choses à ne pas dire à un expat’!
Allez, salut!
Les poubelles, le métro dégueulasse et le bruit, on a ça aussi a Marseille (Mais on a pas le Chrysler Building par contre!!)
C’est un chouette article en tout cas, 100% vrai et sincère qui permet d’avoir un regard un peu moins bisounours sur cette expérience ! Des bisous
Merci Laurie… Effectivement, les cas de métro de gens (un peu) cons, mes amis français m’en ont rapporté pas mal 🙂 Bises,
Amy
XD Cet article me fait bien rire! Superbe plume! Je me retrouve dans tout, et d’un coup New York ne me manque plus du tout! (Bon si, un peu quand même 🙂
Aahah merci Cynthia! Je le répète mais je ne crache vraiment pas dans la soupe, j’adore vivre à New York, et je n’échangerai pas cette chance! Mais il est parfois difficile de vivre dans une ville qui fait tant rêver, parce que dans la tête des gens tout doit y être parfait. Alors je voulais apporter un point de vue un peu moins “série TV” 🙂 Bises,
Amy
Trop drôle ton article, je rêve de vivre à New York (entre autres) mais ce n’est qu’un doux rêve, en tout cas tu me permets de bien rigoler en attendant 🙂
Je suis ravie si j’ai pu te faire rire, mon but est atteint! Quant à ton doux rêve, il ne faut jamais dire “jamais” (si on m’avait dit il y a deux ans que je vivrai et travaillerai ici, j’aurai bien ri!) Bises et à très bientôt,
Amy
super article , très agréable à lire , dynamique , vivant , j’avais l’impression d’être une petite camera accrochée à ton épaule ( un peu bizarre comme image ) , j’étais complètement plongé dans dans ton histoire et la description que tu en faisais 🙂
Merci pour ce partage , car je trouve ça pas mal de voir la face cachée des ces endroits que l’on peu parfois idéaliser ( bien que mon rêvé de partir un jour a New York est toujours d’actualité 😉 ) .
Et je t’encourage à 100% à vivre ce rêve.. C’est une ville merveilleuse et passionnante, mais il y a toujours un revers à la médaille! Merci pour ces super compliments et à bientôt!
Amy
Ha ha relire cet article me fait chaud au coeur… Ça rend vivants des souvenirs bien éloignés. Merci!
Je suis en phase avec toi pour tout sauf la politesse. Les américains ne sont pas tres galants mais en dehors de ça c’est tellement mieux qu’en France (par exemple. Je n’ose imaginer la Suisse tiens!)…
Et cette bonne remarque de “je lève les yeux et woo y a quand même le Chrysler building il est beau quand même Alala c quand même génial ma vie j’habite New York” (j’ai enlevé quelques jurons dans le texte pour faire plus suisse du coup)… #murrayhillforever
Cyrielllllle!!! Je pense que c’est le changement entre la Suisse et les USA 😛 Plus sérieusement, je viens d’un coin si paumé en Suisse que les gens y sont encore relativement respectueux, c’est peut être ça?! En tout cas, tu peux jurer, on n’est plus à ça près. Bordel de merde. 🙂 Bises,
Amy
Belle écriture, beaucoup d’humour dans ta façon de voir les choses, pas de gruyère, crème, fromage…ou si onéreux, pas pour moi, je serai trop malheureuse, bon week end.
Merci mille fois Cécile, ton petit mot me va droit au coeur! L’avantage est que j’ai appris à profiter pleinement des morceaux de gruyères dans lesquels j’investis (oui, à ce stade je parle d’investissement 😉 )
Coucou Amy,
Super article, il m’a fait rire.
Comme je te comprends !! Je ressens la même chose que toi mais à Paris. C’est pas aussi loin de la Suisse que New York mais pourtant je me retrouve dans quasi tous les points que tu as évoqué.
Tu sais, je me souviens de ma mère qui me disait quand j’étais petite “va jamais vivre à l’étranger, c’est tellement le bordel, il te faut des jours pour avoir un papier”. Ahh qu’elle avait raison !
Je crois que c’est difficile quand on est né en Suisse de bien s’acclimater dans un autre pays. Même si notre pays n’est pas parfait, la vie est quand même un peu plus simple qu’ailleurs et tout est assez bien organisé. C’est pas pour rien qu’on dit réglé comme un coucou suisse 🙂
Je rentre aussi en Suisse dans quelques jours et qu’est-ce que je me réjouis 🙂
Je te souhaite un bon retour pour les vacances et passe de belles fêtes.
A bientôt !
Hello Melody,
Ton message me fais plaisir et il rejoint complètement mon point de vue! Je pense qu’en tant que Suisses on a été mal habitués, car finalement les gens sont globalement assez sympa, et même si j’ai passé les derniers 28 ans à me plaindre de l’administratif, c’était finalement pas si mal! Du positif et du négatif dans l’expérience de s’expatrier 🙂 Je rentre aussi pour les fêtes (je te réponds d’ailleurs en direct de l’aéroport!), et je ne pensais pas autant me réjouir, mais je suis excitée comme une puce, je ne tiens plus en place! Passe de très bonnes fêtes, bises,
Amy
Pour moi qui ait toujours vécu en France, ta vision de la vie d’expat est très intéressante. J’aime beaucoup ton style et j’ai vraiment eu plaisir à lire ton article ! Je n’ai pas trouvé ta recette du banana bread, j’étais curieuse de la connaître. Peut-être pour un prochain article… Bon we, Laurence
Merci pour ton commentaire et pour ces jolis compliments! La recette de banana bread est en préparation (ma procrastination me tueras 😉 ) Je te ferai un petit signe quand elle sera publiée! Merci pour ta visite et à bientôt!
Amy
Démonter les clichés sur New York, c’est un peu mon cheval de bataille 😉 Tellement ras-le-bol depuis le début que tout le monde en France s’extasie devant la vie glamour que je dois avoir dans cette ville de rêve…
Et c’est ce qui m’a attiré en lisant ton blog, il y a pas mal de temps déjà (ça et ta plume incroyable!) Je partage le sentiment de dépit, qui, parfois, t’habites quand tu entends pour la 15e fois “mais c’est pas si grave, tu habites à New Yoooork”! (Et ma main dans ta gueule, elle aura un goût différent parce que je vis à NY!) Je te souhaite de belle fête et à très bientôt! Bises,
Amy
Je crois que le pire c’est en effet le bruit la nuit (même en habitant dans une petite rue il y a toujours plein d’ambulances!!) mais surtout la nourriture 😩 Qu’est ce que je voudrais une raclette… Si d’ailleurs quelqu’un connaît une vraie bonne adresse à NY. Je suis prête à casser mon PEL 😅 Mais comme tu dis, on lève les yeux et là on voit tous ces gratte ciel et c’est toujours magique!
Tu as essayé Murray Cheese?? Alors effectivement il va probablement te falloir vendre un rein, mais leur sélection de fromage est à se damner!! Quand au bruit, je me suis faite relativement bien aux ambulances, c’est plutôt le voisin du dessus à 2h du mat qui à tendance à me faire tourner en bourrique 😉
Pas mal du tout ce blog! En tant que “voisin” dans la même ville, je me retrouve dans certains faits, même si moi non plus, je ne crache pas dans la soupe. Le style est très plaisant en tout cas donc bon courage pour la suite, on attend les prochains articles avec impatience !
Merci beaucoup pour ton commentaire et ton soutien, M! A bientôt j’espère,
Amy
Ton blog est passionnant et j’adore ta manière d’écrire !
J’ai moi aussi changé de pays, mais j’ai fais beaucoup moins loins que toi (de la France à la Belgique), mais je te comprends à propos des déclarations (déjà en Français c’est compliqué, mais en ANGLAIS 😮 😮 comment tu fais ??), et il y a teeeeeeeeeellement de procédures administratives super chiantes à faire –”
En tout cas je vais continuer de lira ça 🙂
Des bisous
Merci mille fois pour ta visite ‘et ton gentil message Catherine! Effectivement, c’est la galère quelle que soit la langue!! On pose pas mal de questions (et on finit souvent par Google parce que les gens ici ne savent souvent pas trop ce qui se trame) et sinon on fait quelques conneries, aussi, parfois. Par exemple, quand on a emménagé, on s’attendait à ce que l’électricité soit comprise dans le prix ou alors à ce que la gérance nous annonce eux-même à la compagnie électrique (comme cela se fait en Suisse!) Ce n’est que 3 mois plus tard que nous avons compris que c’était à nous de leur annoncer notre emménagement!…. Voilà, voilà.
J’adore ton blog moitié recettes moitié récits plus personnels.
En tant que Française, je n’ai AUCUN doute sur le fait que j’aurais beaucoup de mal à m’expatrier, essentiellement pour la nourriture qui me manquerait trop.
Mais en grandissant et perdant mon côté casanier, je rêve d’essayer, avec mon chéri pour avoir quand même UN repère, mais pas pour toute la vie, pour un an ou deux…
Qui vivra verra!
Bonne journée
Alison
Hello Alison! Effectivement, la nourriture est un point relativement délicat, mais c’est gérable (dit-elle après avoir pris 3-4 kg en 9 jours en Suisse, essentiellement en fromage!) 😉
J’adore tes photos, elles sont très lumineuse, c’est agréable. Je ne suis vraiment pas attirée par New York mais je dois avouer que tu me donne envie d’y jeter tout de même un œil 😉
Bises
Ara