Travailler aux USA #2
Les entretiens d’embauche
Après avoir
galéré ta mère bûché comme un dingue sur ton résumé, et passé des plombes à remplir des questionnaires à la con sur Internet (comme je te le racontais ici), avec un peu de chance, tu décrocheras tes premiers entretiens.
Aux USA, généralement, tout commence par un entretien téléphonique. Avec une vraie personne au bout. Qui parle vite, avec son accent du Kentucky, et qui a une réception téléphonique pourrave. Prends une grande respiration, ça va bien se passer. Ou alors, tant que tu y es, respire plutôt 2 fois, car l’exercice promet d’être cocasse.. Morceaux choisis:
L’entretien téléphonique qui ne vient pas.
Imagine la scène: tu reçois un message, d’un recruteur qui veut te faire passer un entretien téléphonique. Le réseau mobile dans ton appartement est au moins aussi bon que celui d’un abri atomique et tu n’as pas jugé bon de prendre un fixe (pourquoi faire, hein?). Il veut faire ça à 8h du matin et il est british. Voilà. Ajoute à cela quelqu’un de zen en toute circonstances (moi), et un Cher-et-Tendre qu’il faut virer de l’appart à l’aube pour être tranquille.
J’ai attendu 30 minutes le lundi à l’aube, avant de recevoir un email me disant qu’il avait eu un empêchement et qu’il me rappellerait le lendemain. J’attend toujours son second appel (rassure-toi, j’ai arrêté d’attendre près du téléphone en retenant ma respiration, 2 heures environ après l’heure supposée de l’appel!)
Et puis, contre toute attente et parce que cette entreprise avait l’air follement organisée, j’ai été convoquée pour un entretien au magasin:
L’entretien “elle est où la caméra cachée?”
Arrivée en boutique, la personne me reçoit et me propose de faire l’interview au milieu du magasin, sur un coin de table, à côté d’un haut-parleur. Finalement, ce fameux rendez-vous se fera…. dans une cabine d’essayage! Manifestement, elle ne sait pas trop qui je suis, n’a pas mon résumé entre les mains et me coupe la parole pendant que je me présente, pour me demander pour quelle place je postule.
La place que je convoite est une place d’employé lambda, mais elle ne me parle que de rôles de manager et quand je lui demande quel serait exactement mon titre, elle bafouille une explication foireuse en finissant par un magnifique “mais vous savez, ici, tout le monde ou presque est manager”.
Elle passera la fin de l’interview à critiquer à tour de rôle la marque, et le travail de certains de ses collègues, tout en ne sachant pas répondre à la moitié de mes questions. Je finis cette douce rencontre assise dans la vitrine à noircir le même formulaire déjà rempli sur Internet avant qu’elle ne me demande de repasser une heure plus tard pour rencontrer un des 12 fameux manager, car ce n’est “pas vraiment elle qui s’occupe d’engager les visual”.
Dois-je te préciser que je n’ai plus jamais entendu parler de cette entreprise après ça et que j’ai fui sans demander mon reste?
EDIT: 1 mois et demi après cet entretien original, j’ai reçu un email de la personne qui m’avait reçue, m’invitant à les contacter au plus vite car mon profil leur a beaucoup plu. J’hésite actuellement entre décliner poliment ou user de sarcasme pour les remercier de leur réactivité.
L’entretien de groupe
Complètement inédit pour moi, cette pratique semble être monnaie courante de ce côté de l’Atlantique. Me voilà donc en rang d’oignons avec 4 autres filles pour le même job. Accueillies par un des manager (la pratique du manager multiple semble monnaie courante dans ce pays), il nous explique un tas de choses avant de nous laisser la parole, pour quelques minutes chacune. Perturbant.
L’entretien “je connais quelqu’un qui connait quelqu’un qui connait le chef”
Ou l’art – typiquement américain – de se faire présenter de la sorte par une personne que j’ai vu une seule fois dans ma vie: “Voici Amy, je l’ai rencontré à un super événement qu’elle a organisé, elle travaille tellement bien, on l’adore.” Euhh. Merci?!
L’entretien “mais tu vas la fermer??”
Je me retrouve en “group interview”, à deux. La pauvre dame, à côté de moi balance des réponses stupides dans un mauvais anglais, devant nos yeux ébahis. “Principale qualité?” “Motivée” “Pourquoi notre entreprise” “Parce que vous cherchez des employés”. Les choses se corsent sérieusement quand elle répond un “non” étonné à la question “Avez-vous un article favori dans notre magasin” (mais invente, enfin, improvise, je sais pas!!). Le clou du spectacle fut ce discours sans queue ni tête, sorti de nulle part : “ne vous inquiétez pas, si je viens travailler chez vous, je me ferai les ongles hein, parce que là je sais que c’est pas montrable (et de cacher ses mains en se tortillant) et puis je changerai de chaussures, et je pourrai m’habiller différemment, aussi, je sais que je ne colle pas à l’image du magasin…” (mais arrête, tu t’enfonces, là!! Mais ferme-la!!!!)
Et puis, avec un peu de chance (et de préparation), tu te verras offrir un job.
L’offre “je vais tenter de t’embrouiller mais tu sentiras rien”
On a parlé d’un poste X (mon domaine) avec une polyvalence sur les tâches du poste Y (un truc chiant que tout le monde peut faire), pour un nombre d’heure donnés. Deux rendez-vous suivant, et après avoir dû creuser pas mal, le poste passe de “X avec des disponibilités pour Y” à “beaucoup de Y et un peu de X si nécessaire”. Les heures, elles, ont été très amputées (-10 heures / semaine) et c’est un contrat temporaire “mais avec de grandes chances de passer fixe et puis c’est une super entreprise pour faire carrière.” (D’ailleurs, je me voyais déjà passer manager d’un poste qui ne correspondait pas à mes qualifications et ce, en ayant travaillé 3 mois comme temporaire!…)
Moralité? Fais gaffe, pose des questions, demande des précisions, et n’accepte pas trop vite!!
L’offre US style
L’entretien de groupe dans ce magasin de mode s’est bien passé, mais sans nouvelles du recruteur plusieurs jours plus tard, je décide de me pointer directement au magasin. Le type m’accueille, s’excuse d’être en retard avec le suivi des candidats et sentant que j’ai d’autres possibilités sous le coude… me propose un job, là, au milieu du magasin! Bref, j’ai du travail!
Les désavantages des interviews à New York
- Tu peux ruiner ta coiffure en deux temps trois mouvements en passant par une avenue en même temps que la bourrasque de vent magistrale qui vient de je-ne-sais-où!
- Tu vas obligatoirement passer devant un de ces kebabs carts fumant en te rendant à l’interview. Odeur de viande grillée dans tes vêtements assurée!
- En group interview, tu as toujours un(e) véritable new-yorkais(e) – avec la tchatche et qui parle fort – pour se faire remarquer plus que toi.
- Tu es sûrement un(e) candidat(e) parmi 100 à être interviewé(e). But if you can make it here, you can make it anywhere!
- Si c’est ton premier poste dans le domaine, comme ce fut le cas pour moi, tu risques d’être un peu perdu(e) pendant que tout le monde se mettra au jargon pro: “Bon, les overnights c’est pour les flips, généralement 2 nuits, ça va dépendre du corporate walk” ou “généralement on tourne sur un GM, un SEM, 2 visual, 3 stylists et 2 FSA. Après il peut arriver que vous deviez aider au backstock mais à voir avec le VM on shift.” “Et toi, c’était quoi ton taux de shrink dans ta précédente entreprise?” WHAT???
- Ils ne comprennent jamais vraiment ce que tu as fait comme études, ou ce que tu as comme expérience professionnelle.
Les avantages des interviews à New York
- Tu vas vite devenir la star de l’interview si tu parles plus qu’une langue (et si possible, si la seconde n’est pas l’espagnol).
- “Where are you from?” “I am from Switzerland” “Wow, that’s great. How do you love New York?” Et hop, 10 minutes de passées, un candidat à l’aise et un recruteur qui trouve “amaaaazing” de s’expatrier de la sorte.
- Passer quelques interviews, c’est l’assurance d’apprendre à se vendre mieux que personne à ton retour en Europe.
- L’ambiance générale est beaucoup plus “casual” qu’en Europe. L’entretien ressemble plus à une discussion informelle (voire sympathique) avec la personne en face de toi.
- Ils ne comprennent jamais vraiment ce que tu as fait comme études, ou ce que tu as comme expérience professionnelle.
La prochaine fois, je te raconterai les différences entre travailler aux Etats-Unis et en Europe. Du mieux, du moins bien, et quelques galères en vues, je me régale!
Allez, salut!
Decidement c’est très différent d’ici! Et pourquoi n’aiment pas l’espagnole comme langue? En tout cas, je te souhaite Bon Courage!!
Hello Eva! Ce n’est pas qu’ils ne l’aiment pas, bien au contraire d’ailleurs! Mais ici à New York beaucoup de gens parlent l’espagnol, et presque tout le monde a des notions. Du coup, ils sont moins “impressionnés” que si tu parles d’autres langues. (Et si tu en parles plus que deux, la c’est le jackpot!) Je te souhaite une belle journée et à très bientôt!
Amy
J’adore ces chroniques “reality check” drôlissimes! Encore une fois, bien contente de ne jamais avoir dû en passer par là pour trouver du boulot à New York 😉
C’était relativement rigolo (surtout maintenant que c’est derrière!) Bises
Coucou Amy, haha j’ai bien rigolé, quelles aventures ! Et d’ailleurs, ils en pensent quoi les ricains quand tu leur parles en french ?! 🙂 En tout, c’est des supers expériences !! Je voulais également te remercier car j’ai reçu le colis aujourd’hui et OMG !!!!! Il est AMAZING !!! Merci merci merciiii ! j’ose même pas déballer car c’est un petit trésor !!! Je vais me régaler !!!! Thank you very très much !!!!
J’allais te contacter pour savoir si tu avais reçu! Je suis super super contente que ça te plaise 😉 A très bientôt, bises
Amy
A mon tour de passer par ici et j’adore déjà !
Je re-découvre plein de petits trucs typiques de là-bas et tu m’as vraiment fait rire ! En revanche, et sans vouloir te décourager, l’agressivité et les gens qui courent partout dans le métro je crois que ça doit être pareil dans toutes les villes stressantes, que ce soit à Paris, Londres ou encore Bruxelles. Du coup, à part le métro, je trouve les New Yorkais a-do-ra-bles en comparaison 😀
Je repasserais me délécter de tes posts d’expats et de gourmandises 🙂
Merci beaucoup pour ton adorable message! Effectivement, les New-Yorkais sont adorables, tu as complétement raison! Quant au métro, c’est effectivement assez décourageant mais le fait est que tout le monde est stressé, ou que ce soit! Il faudra faire avec 😉 Passe une belle journée,
Amy
Ton blog est très jolie, j’espère que les entretiens seront plus facile au Canada, j’y pars dans quelques mois :S
Merci beaucoup pour ton adorable petit mot! Pour être honnête, ce n’est pas tellement que c’était difficile, mais surtout très, très étonnant et dépaysant pour la petite Suissesse que je suis. Courage pour ton expatriation, et donne moi des nouvelles! Bises,
Amy
Le passage “L’entretien téléphonique qui ne vient pas.” me fait beaucoup rire (enfin un peu rire jaune), c’est du vécu ! Et je le vis encore aujourd’hui !
On te contacte par email pour te demander ton numéro et organiser un entretien au téléphone. Le lendemain personne ne t’appel. Quelques jours plus tard tu reçois un email “Oups pas eu le temps rdv demain même heure pour un call”. Le lendemain rien et plus jamais aucune nouvelle ni par mail ni par téléphone.
À chaque fois qu’on me demande de parler français je ne sais jamais quoi dire à part “bonjour, ça va?”. C’est toujours un grand moment de solitude ! 😀
Mais ils sont quand même pas croyables!!! Bien sûr, ça existe aussi en Europe, mais dans une moindre mesure – me semble-t-il! Personnellement ce manque de considération/respect me rend dingue un peu plus chaque jour! Et sinon, j’ai découvert ton blog, tes photos sont superbes! A bientôt, bises,
Amy